Accueil A la une Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) gelée | Appel à une plénière demain, mercredi : Un tournant dangereux !

Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) gelée | Appel à une plénière demain, mercredi : Un tournant dangereux !

Cet acte hasardeux était prévisible. Si Ennahdha et notamment son leader historique Rached Ghannouchi encaissent les coups, l’un après l’autre, depuis le 25 juillet, il était temps de passer à l’action. Au fait, Ghannouchi était toujours tenté par un passage en force pour se placer de nouveau au-devant de la scène politique.

Pour certains, il s’agit d’une issue pour semer le chaos davantage dans le paysage politique tunisien, pour d’autres c’est un passage en force qui doit certainement approfondir la crise politique sur fond d’une énorme impasse économique. 

Alors que le Président de la République, Kaïs Saïed, droit dans ses bottes, compte aller jusqu’au bout de son projet politique et son calendrier électoral, la mouvance politique anti-Kaïs Saïed conduite notamment par Ennahdha et son président s’est permise d’opérer un nouveau passage en force enfonçant le clou dans un paysage politique déjà envenimé. Plusieurs députés gelés, dont Walid Jalled, Mustapha Ben Ahmed, Noomen El Euch et Hassouna Nasfi, ont appelé à «la tenue d’une séance plénière pour débattre d’une alternative constitutionnelle mettant fin aux mesures d’exception et redonner au peuple son droit d’exercer sa souveraineté à travers les urnes».

Hier, le bureau de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), gelée depuis le 25 juillet dernier dans le cadre des dispositions exceptionnelles, a tenu une réunion à distance avec la présence de dix membres sur treize.

A l’issue de cette réunion, la présidence du Parlement gelé a annoncé la tenue d’une plénière à distance demain, mercredi, pour «examiner l’annulation des dispositions exceptionnelles», et une autre samedi prochain «pour discuter de la situation financière, économique et sociale dangereuse».

En effet, Rached Ghannouchi (président), Samira Chaouachi (vice-présidente), Tarek Ftiti (vice-président), Abdellatif Aloui (Al Karama), Samia Abbou (Courant démocrate), Sofiène Toubel (Qalb Tounes), Jamila Ksiksi (Ennahdha), Maher Medhioub (Ennahdha), Hafedh Zouari (Bloc de la réforme) et Naoufel Jemmali (Ennahdha) ont répondu présents à cette réunion tenue à distance et qui n’était accessible qu’aux membres concernés. 

Notons également que des députés suspendus comme Khaled Krichi, du mouvement Al Chaâb, et Abir Moussi, présidente du bloc du Parti destourien libre, ont boycotté cette réunion, pour eux, le Parlement a perdu toute légitimité.

Réagissant à la tenue de cette réunion, le responsable de l’information et de la communication à l’Assemblée dont les activités sont gelées, Maher Medhioub, député d’Ennahdha, a déclaré que «la réunion du bureau du Parlement intervient dans le cadre de la restitution de la vie parlementaire en Tunisie et dans la rectification du processus démocratique tunisien». Il a expliqué dans ce sens que les «décisions du président du Parlement et de ses membres sont actuellement régies par l’article 80 de la Constitution de la République tunisienne, qui stipule que l’ARP demeure en état de réunion permanente». «L’Assemblée est toujours respectée, acceptée et appréciée dans tous les événements étrangers et par tous les organes parlementaires arabes, régionaux et internationaux, en particulier l’Union interparlementaire», a-t-il insisté.

Hafedh Zouari : «Le Parlement doit être dissous…»

Plusieurs députés, dont Walid Jalled, Mustapha Ben Ahmed, Noômen El Euch et Hassouna Nasfi avaient appelé à la tenue d’une séance plénière pour débattre d’une alternative constitutionnelle mettant fin aux mesures d’exception et redonner au peuple son droit d’exercer sa souveraineté à travers les urnes.

Voulant revenir au-devant de la scène politique, le chef du Parlement gelé et président du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi, a appelé à une réunion du bureau du Parlement, mais certains députés ont décliné une telle convocation, estimant qu’il s’agit d’un processus visant à aggraver la situation politique en Tunisie. Parmi eux, Hafedh Zouari, député d’Al-Badil, qui a estimé que cette réunion est sans aucune importance, et que le Parlement doit être dissous pour organiser de nouvelles élections législatives.

En tout cas, cet acte hasardeux était prévisible. Si Ennahdha et notamment son leader historique Rached Ghannouchi encaissent les coups, l’un après l’autre, depuis le 25 juillet, il était temps de passer à l’action.

Au fait, Rached Ghannouchi était toujours tenté par un passage en force pour se placer à nouveau au-devant de la scène politique.

Face à ce nouveau rebondissement, le risque de tomber dans la division, le clivage et la guerre de légitimité devient bien réel en Tunisie. Autant dire qu’une guerre de légitimité commence à se profiler à l’horizon de la scène politique si la mouvance anti-25 juillet va jusqu’au bout de son coup de passage en force.

Kaïs Saïed riposte

Dimanche,  même avant la tenue de cette réunion, le Président de la République Kaïs Saïed a insisté sur le fait que le Parlement demeure toujours suspendu. «Les activités du Parlement sont suspendues.

Quiconque rêve de faire remonter le temps, il se complaît décidément dans les chimères. Ces rêves ne sont que des vœux pieux», a lancé le Président de la République lors de son entrevue, samedi, avec la Cheffe du gouvernement, Najla Bouden.

«Quiconque cherche à se rassembler dans l’hémicycle n’a qu’à rejoindre un vaisseau spatial», a-t-il poursuivi, rappelant que «toute décision émanant de ce Parlement est nulle et non avenue. Elle n’appartient ni à cet espace, ni à l’histoire et à la géographie», a-t-il martelé.

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